Au commencement était le Verbe. Ce sont les paroles que nous venons d’entendre dans
cette magnifique introduction de l’évangile selon saint Jean. On a comme
l’impression que tout le mystère insondable de Dieu est, d’un coup, exposé à
notre contemplation et notre adoration. Ces quelques versets ont une force
inouïe. Le Dieu qui est de toute éternité se fait chair, il se fait proche de
nous au point de devenir comme nous, pour nous rendre éternels ! Ni plus,
ni moins.
Au commencement était le Verbe. C’est aussi le thème qu’exploite le célèbre
écrivain allemand Goethe dans sa pièce de théâtre Faust. Dans son cabinet d’étude, Faust essaie de traduire
l’évangile de Jean. Au commencement était le logos, c’est ce qui est écrit dans le texte grec du Nouveau
Testament. Comment le traduire ? Au commencement était le
« Verbe », évidemment. Mais logos
signifie aussi « sens » et « force ». Tout cela n’est pas
satisfaisant pour Faust, et il finit par traduire : « Au commencement
était ‘l’acte’. » Il n’a pas complètement tort car le mot hébreu dabar, dans l’Ancien Testament, signifie
aussi bien « verbe, parole » que « acte ». C’est d’ailleurs
le mot employé dans la première phrase de la Bible, au livre de la
Genèse : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre ».
Dieu, par sa Parole, agit au cœur de monde.
Au commencement était le Verbe. Saint Jean nous entraîne dans une magnifique
envolée, qui nous élève au plus près du mystère de Dieu : « La
lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée ».
Mais ensuite il redescend au niveau de la création et revient au cours très
concret de l’Histoire : « Il y eut un homme envoyé par Dieu ;
son nom était Jean. Il vint pour témoigner. » Nous ne sommes plus dans les
hauts sommets de la mystique, mais dans le concret d’un témoignage porté par un
homme et dont l’ambition est de susciter la foi en retour.
Si la lumière et les ténèbres
peuvent ouvrir à des grandes spéculations ou méditations, s’agissant du
témoignage, la question s’impose : est-ce que je l’accepte ou est-ce que
je le refuse ? Ce concret se
retrouve à nouveau dans la pièce de Goethe lorsque Marguerite demande à
Faust : « Dis-moi donc, quelle religion as-tu ? ». En
pleine fête de Noël – au milieu des bons sentiments et des dégustations qui
nous occupent –, voici une question bien surprenante : « Quelle
religion as-tu ? ». Pour y répondre, Faust se lance dans une longue
tirade poétique qui lui évite de rentrer dans le concret. Et Marguerite de lui
répondre : « Ce que dit le prêtre y ressemble assez, à quelques mots
près ». C’est vrai, parfois, nous les prêtres, nous peinons à entrer dans
le concret. Pourtant il n’y a rien de plus concret que Noël. Dieu n’est plus un
concept, une idée, une option. Il est un enfant. Il se fait concret et présent.
Parler de la lumière qui éclaire tout homme, tous peuvent le faire. Cela rentre
dans une conception universelle du monde. De même beaucoup disent : je
crois en une puissance supérieure du monde ; ou plus simplement
encore : il doit bien y avoir quelque chose !...
Mais lui, le Verbe, le Logos, il ne reste pas dans
l’abstraction. Il se fait chair, il se fait homme. Mot à mot : il a campé parmi nous. Entendez :
il a planté sa tente au milieu de nous. Dans la première épître de Jean, il y a
ce verset magnifique : « Dieu
est amour » (1 Jn 4, 8). Cela peut encore nous paraître abstrait. Mais
l’amour peut-il être abstrait ? L’amour naît entre deux personnes :
il est concret. Il demande une réponse d’amour, il nous parle, il nous
interpelle.
Vous savez aimer. Vous
cherchez à savoir à quoi Dieu ressemble. EN ce jour, Dieu nous donne la réponse
à notre quête. Elle est même très simple. Il nous demande de regarder en
direction de la crèche. Le petit Enfant couché là, c’est le visage du Dieu
proche. Rien de plus facile que d’aimer un enfant, n’est-ce pas ?
N’embrouillez pas inutilement les choses. Dieu est là, tout proche de vous.
Aimez-le.
AMEN.
Michel
Steinmetz †
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