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vendredi 22 août 2014

Homélie du 21ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 24 août 2014

L'endroit dans lequel Jésus choisit de poser la question à ses amis n’est pas neutre. Il est plein de sens. Il nous aide à mieux comprendre la réaction du Christ, et à comprendre que son interrogation est bien plus profonde qu’il n’y paraît. Césarée-de-Philippe, ville hautement religieuse dans sa diversité. La ville était parsemée de pas moins de quatorze temples dédiés au dieu syrien Baal. Mais ces dieux syriens étaient loin d’avoir le monopole du culte et de la vénération. Il y avait également une caverne dans laquelle, le dieu grec Pan, dieu de la nature vit le jour. Pour les Juifs de l’époque, le Jourdain prenait sa source dans cette même caverne. Les Romains, eux aussi, y avait érigé un temple de marbre blanc en l’honneur de la divinité de César. Dès lors, je crois que nous pouvons affirmer que cet endroit choisi par le Christ pour poser ses fameuses questions est loin d’être neutre. Voilà un homme, un homme simple, entouré de douze hommes tout aussi simples, dans un endroit littéralement submergés de magnificence, de temples syriens, grecs, romains, dans un lieu plein de sens pour les juifs également ; voilà cet homme qui demande à ceux qui l’accompagnent « Le Fils de l’homme, qui est-il d’après ce que disent les hommes ? ».
Ce que nous pourrions prendre au premier abord comme une crise d’identité de Jésus : qui suis-je ? quelle est finalement ma mission, ma raison d’être ?, est plus une question posée à ses disciples. Vous qui êtes déroutés par tant de cultes réunis en un seul lieu, que dites-vous de moi ? Pensez-vous que je sois un maître à penser parmi d’autres ? Estimez-vous que le Dieu dont je suis le visage soit un parmi d’autres ?
 

Les réponses fusent. Elles ne répondent pas à la question posée. Elles en restent au niveau du qu’en-dira-t-on ? Chacun répond de manière extérieure, sans se déterminer, donc sans s’engager. Au résultat, Jésus est peut-être bien tout le monde, sauf lui-même ! Cette question de l’identité de Jésus est sans cesse posée dans l’évangile. Elle l’est encore, et parfois violemment, à ceux qui aujourd’hui se risquent à annoncer l’évangile. A chacun, Jésus pose alors la question de manière personnelle : « Pour vous, qui suis-je ? ». Ce que déclare Simon-Pierre et qui lui est révélé par le Père des cieux : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant » va devenir le trésor de la foi, confiée dès lors à l’Eglise. Pour l’heure, Jésus ordonne à ses disciples de ne dire à personne qu’il est le Messie. En effet, pour que s’accomplisse ce qu’il annonce, il lui faut aller jusqu’au bout de sa mission : la passion, la mort et la résurrection.

 
Cette histoire s’est passée il y a bientôt deux mille ans. C’était bien loin d’ici. Les lieux ont changé et il en va de même pour les dieux. Ces derniers sont aujourd’hui différents mais tout aussi présents. Nos dieux contemporains sont peut-être plus matériels, leur soi-disant bonheur est immédiat. Ils sont en tout cas plus palpables, plus réels. Mais comme les faux-dieux d’hier, ils risquent de nous enfermer dans une spirale qui va nous éloigner de nous-mêmes, nous enlever de notre raison d’être. C’est sans doute pourquoi cet évangile s’adresse à chacune et chacun d’entre nous dans le silence de nos cœurs. Un peu comme si le Christ nous susurrait : « je n’attends pas d’abord de toi une connaissance intellectuelle sur moi ; je vous demande juste une petite chose : me connaître, c’est-à-dire entrer en relation avec moi. Rien de plus ». Cette relation se vivra de diverses manières, en fonction de chacune de nos histoires personnelles. Elle sera directe, régulière pour certains ; elle passera par l’amour et l’amitié pour d’autre. Chacune et chacun nous avons notre chemin de rencontre avec Jésus. Il n’y a pas de recette. Il n’y a pas de chemin tout tracé. Puisqu’il s’agit avec tout d’une rencontre, d’une relation, voire même d’un amour, c’est à nous de trouver notre manière de connaître le Christ. Epris de ce désir, de cette soif de connaissance, nous aussi nous pourrons dire : « Oui, tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ».

 
 
AMEN.
                                             
Michel Steinmetz

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