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vendredi 14 février 2014

Homélie du 6ème dimanche du Temps ordinaire (A) - 16 février 2014

Face à la loi en général, il nous arrive d’éprouver un malaise. Soit elle nous apparaît contraignante comme un obstacle à notre liberté personnelle. Soit elle semble promouvoir un idéal trop élevé que nous ne nous sentons pas capables d’atteindre. Jésus, en parlant de la Loi de Dieu, récuse de telles approches. « Je ne suis pas venu abolir la loi mais bien l’accomplir ». Autrement dit, pour le Christ, la Loi possède en elle-même le moyen d’être dépassée. Attention, dépassée, mais pas contournée ! En effet, la Loi de Dieu nous invite à notre propre dépassement ; elle invite à franchir nos propres limites, non dans la transgression mais dans l’accomplissement. La Loi respectée, honorée, vécue comme une parole de vie de la part de Dieu m’ouvre à des horizons de vie nouvelle. Jésus nous oblige à ne pas nous contenter du politiquement correct, mais à saisir l’élan profond de la conversion.
 
En accomplissant la loi, le Christ libère ses disciples de la loi c’est-à-dire qu’il l’inscrit à jamais au fond des cœurs. Le Christ inscrit la loi au fond des cœurs, parce qu’il dit à ses disciples que ce qu’ils faisaient auparavant par respect de la loi, c’est-à-dire par devoir, par soumission, tristement, ils le feront dorénavant par amour, c’est-à-dire librement. L’accomplissement de la Loi se révèle en nous par la charité qui élargit notre cœur et nous rend capables d’agir à la manière du Christ. En ce sens l’obéissance à la loi est un accomplissement, parce que la loi repousse les limites que nous nous imposions. Par exemple : le respect de la vie était, dans la loi de Moïse, une contrainte, un impératif, un commandement : « Tu ne tueras point ». Cette loi devient, dans la bouche de Jésus, l’affirmation joyeuse de l’amour de l’autre, le respect de sa liberté, de la justice... « Vis, heureux es-tu ». Si tu vis dans l’amour et par l’amour, tu n’as que faire des lois puisque tu aimes. L’amour devient ainsi la valeur par excellence.
 
Ceci pourrait nous amener à faire la distinction entre « principes » et « valeurs ». Nous pourrions appeler « principe » tout ce que nous faisons par devoir et « valeur » tout ce que nous faisons par désir et/ ou par amour. C’est pourquoi les valeurs nous libèrent des principes, mais les principes conduisent aux valeurs ou les entretiennent en nous. On a besoin de principes dans la vie, mais si les principes ne mettent pas en application des valeurs, l’homme des principes devient un pauvre idiot. Quelle mère nourrit son enfant par devoir, par principe ? On ne le fait pas par devoir mais par amour. L’amour y suffit et vaut mieux. L’amour libère des principes, l’amour libère de la loi. En nous disant qu’il est venu accomplir et non abolir, Jésus tente de nous montrer que la loi et l’amour ne s’opposent pas, mais sont deux moments dans un même processus : on commence par se soumettre à la loi puis on comprend qu’il est encore mieux de faire par amour ce qu’on nous a appris à faire par devoir. La loi, en agissant comme des balises au bord du chemin, nous grade dans la voie et dans la bonne direction. Jamais les balises ne peuvent remplacer la route ni son terme ; jamais des glissières de sécurité ne se suffisent à elles-mêmes. La loi et l’amour sont donc deux choses différentes mais pas opposées au sens où on devrait choisir entre les deux. La vérité, c’est que nous avons besoin des deux : quand l’amour est là, on n’a plus besoin de loi : nous n’avons besoin de loi que faute d’amour.
 
C'est bien pourquoi nous avons hélas aujourd’hui encore terriblement besoin de lois parce que le plus souvent l’amour n’est pas là, le plus souvent l’amour brille par son absence. Un peu comme si Jésus nous disait ce matin, dans toutes les situations où nous ne sommes pas capables de vivre à la hauteur de l’amour, c’est-à-dire à suivre le Nouveau Testament, il nous reste à respecter au moins l’Ancien Testament, c’est-à-dire à nous soumettre à la loi. L’abolition de la loi conduit immanquablement à l’anarchie, au drame. Par contre, l’accomplissement de la loi conduit à l’amour inscrit dans le cœur de chacune et chacun. Principes ou valeurs ? Loi ou amour ? A nous de choisir ce qui conduit à la vie, mais à une vie en abondance.
 
AMEN.
 
Michel Steinmetz

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