Prenant corps d’homme, Dieu se met à la disposition de tous
les êtres humains et nous entraîne dans cette ouverture. C’est bien ce que
saint Paul dit dans l’extrait, entendu tout à l’heure, de sa lettre aux
chrétiens d’Ephèse : « Ce mystère, Dieu ne l’a pas fait connaître aux hommes
des générations passées comme il vient de le révéler maintenant par l’Esprit à
ses saints apôtres et prophètes, à savoir que toutes les nations sont admises
au même héritage, membres du même corps, associées à la même promesse en
Jésus-Christ ». Ainsi donc la révélation majeure de cet événement présenté
comme historique, c’est que le salut en Jésus-Christ est offert à tous. Dieu
aime tout homme, toute femme, sans discrimination. La preuve c’est que ces
étrangers au peuple d’Israël - pour qui seul, croyait-on, viendrait le Messie -
sont accueillis. Ces étrangers ont leur place dans la crèche. Ces mages ont
suivi une étoile, c’est-à-dire qu’ils ont suivi le signe qu’ils étaient
capables de discerner. Le chemin qu’ils ont fait n’était pas que géographique,
il était aussi et surtout spirituel. Si Dieu parle par des signes, il se révèle
par son fils Jésus auquel conduisent ces signes. L’étoile s’est arrêtée sur la
crèche ; elle a terminé son rôle, c’est aujourd’hui le Christ qui nous guide.
Le chemin spirituel des mages est aujourd’hui celui de
beaucoup, et parfois même le nôtre. Pour reconnaître Jésus comme Christ, comme
le propre Fils de Dieu, et lui offrir l’hommage de notre foi, nous partons de
loin. Le signe de l’Ecriture, c’est-à-dire notre connaissance des Ecritures,
demeure parfois étranger et obscur. Alors nous avons aussi besoin de signes qui
nous « parlent ». Chacun a les siens : ses lieux, ses figures, ses musiques qui
lui disent quelque chose de Dieu. Comme les mages, le signe est insuffisant, il
n’est qu’invitation à se mettre en mouvement et à chercher le vrai signe de
Dieu. Cela demande toujours un effort et une conversion de notre volonté. Pour
nous approcher de la crèche, de l’endroit où nous pourrons nous incliner devant
le Fils de Dieu, il faut consentir à chercher, à se faire aider, à demander sa
route. Aussi, pour nous, vivre en chrétiens, c’est quitter notre doux confort,
l’enfermement dans nos certitudes, et sans attendre l’évidence des
connaissances humaines - même quand tout paraît sombre – garder les yeux
toujours fixés sur le Christ souvent appelé par les premiers chrétiens «
l’astre du matin ».
Les mages sont pour nous plus qu’en exemple, ils sont un
rappel aussi. On pourrait dire que leur venue à la crèche est une première
expérience de mondialisation. Ils viennent d’horizons divers et de cultures
différentes. Il est fort à parier que leur recherche spirituelle ait été elle
aussi fort différente. A première vue, ils n’ont rien en commun avec Marie et
Joseph. Toutes les recherches authentiques et pacifiques de la Vérité font
converger leur chemin et se rencontrent devant l’Enfant-Dieu. Il me semble que
nous sommes tous comme gravissant une montagne au sommet de laquelle Dieu nous
attend avec son fils Jésus. Ainsi que le suggère Isaïe : « Lève les yeux,
regarde autour de toi : tous ils se rassemblent, ils arrivent ». Les êtres
humains partent du pied de la montagne beaucoup plus large que la tête et tous
cherchent Dieu. Les chemins sont parallèles, mais peu à peu nous nous
rapprochons les uns des autres, parfois nous nous croisons, mais la direction
est unique car Dieu aime tous les hommes et veut faire de tous ses enfants.
Dans notre foi nous croyons que le salut de Dieu est donné
en Jésus-Christ. Vivre notre foi au mieux, c’est le cadeau que nous pouvons
faire et à Dieu et à tous ceux qui, de toutes les parties du monde, cheminent
selon leurs traditions et croyances.
AMEN.
Michel
STEINMETZ †
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