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vendredi 5 juillet 2013

Homélie du 14ème dimanche du Temps ordinaire (C) - 7 juillet 2013

Homélie prononcée au Sanctuaire Notre-Dame d'Altbronn,
à l'occasion du pélerinage des paroisses et de la fin de l'année pastorale.

Alors que nous rendons grâce pour cette année pastorale vécue ensemble et que nous nous apprêtons les uns les autres à voir nos chemins quelque peu s’éloigner durant les semaines d’été, la liturgie nous donne à entendre de manière providentielle l’envoi des soixante-douze en mission. L’épisode nous invite tant à jet un regard en arrière sur les mois écoulés qu’à nous laisser toujours réinterroger sur notre mission à la suite de Jésus.

Tout commence par la volonté du Seigneur d’envoyer comme en éclaireurs deux par deux soixante-douze de ses proches dans les villes et villages où lui-même ira plus tard. Une réaction un peu rapide de notre part dirait que leur rôle consistera à « préparer le terrain ». D’autres d’iraient peut-être même qu’ils vont « au casse-pipe », puisque Jésus leur dit : « Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups ». Quoi qu’il en soit, nous apprenons que le Christ a besoin d’être préalablement annoncé pour que sa Bonne Nouvelle soit véritablement reçue. Il décide de se rendre dépendant tout en préparant les siens à assumer le rôle qui sera le leur après sa résurrection. Ils vont devoir ouvrir les cœurs, les préparer à la grâce, les rendre perméable au Royaume. Dès l’origine, « les ouvriers sont peu nombreux » ; dès les origines, la tentation est à la lamentation, celle que nous connaissons et que nous n’hésitons pas faire nôtre : c’est trop dur ! Nous ne sommes pas assez !

« Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups ». A imaginer ce que deviennent les agneaux en une pareille rencontre, la mission n’a rien enviable. Pourtant, celui qui sert le Christ et l’annonce doit savoir qu’il n’y d’autre choix pour lui. Il vivra des heures difficiles, heures mêlées d’angoisse et de souffrance. Celui qui croit que la vie chrétienne est un surcroît de confort dans une vie douillette se trompe gravement. Le disciple est toujours dévoré par la mission. Il n’a jamais aucune garantie de son efficacité : tantôt sa paix ira se reposer sur son interlocuteur, tantôt elle n’aura aucune prise sur lui. Tantôt il sera bien accueilli, ses propositions seront reçues, il arrivera à mettre des personnes en mouvement ; tantôt il devra aller voir ailleurs, « secouant la poussière collée à [ses] pieds », mais sans colère, sans amertume, sans désespoir. Cela fait tout bonnement partie de la mission. Nous sommes convoquées et obligés à l’humilité. Cette humilité n’est pourtant pas synonyme de démobilisation. Si un projet n’aboutit pas, tant pis ! Annoncez l’Evangile autrement, ailleurs même ! Jésus invite les siens à un travail en profondeur, pas à un saupoudrage nourri d’un activisme patenté. « Ne passez pas de maison en maison ». Travaillez les profondeurs de l’âme ! Veillez à ce que la Parole prenne racine dans les cœurs ! Nous aussi, nous devons veiller à ne pas nous disperser.

Au retour de la mission, l’évangile nous dit que les soixante-douze disciples sont « tout joyeux ». Pourquoi ? Il y a sans doute plusieurs raisons. Ils ont bénéficié de la confiance de Jésus qui, pour la première fois, les a associés de manière aussi directe à sa propre mission, celle qu’Il a reçue du Père. Ensuite, encore pour la première fois, ils ont fait l’expérience d’agir au nom même du Christ. Les résultats sont surprenants : « … même les esprits mauvais nous sont soumis en ton nom ». Expérience grisante que Jésus ne va pas tarder à ramener à sa finalité originelle : ils n’ont pas à y trouver une gloire nouvelle pour eux-mêmes ; par les gestes posés et les paroles prononcées, ils ont annoncé ce pour quoi Il les avait envoyés, la proximité du Règne de Dieu. Il faut remarquer ici que la condition de réussite de la mission réside en ce que les disciples ont appliqué à la lettre les consignes du Christ. Ils n’ont pas cherché à inventer une méthode propre, à échafauder leurs plans. Ils ont fait ce que le Christ attendait d’eux. Une nouvelle fois, l’humilité est de mise. Nous-mêmes, si nous voulons réussir dans l’annonce de la foi dans notre communauté de paroisses, nous devons nous effacer devant ce que Jésus attend de nous. Tout le reste découle de cette posture. Les disciples n’ont pas agi eu leur nom propre ou parce qu’ils détenaient soudain un nouveau pouvoir, mais bel et bien parce qu’ils agissaient au nom du Christ.

Aujourd’hui, nous rendons grâce pour l’année pastorale écoulée. Aujourd’hui, nous remercions le Seigneur pour les biens reçus de lui. Aujourd’hui, nous demandons pardon pour nos manquements et nos lâchetés. Aujourd’hui, nous nous réjouissons peut-être de tout ce que nous avons pu bâtir ces derniers mois, des cœurs qui se seront ouverts, mais souvenons-nous que nous ne devons pas nous réjouir parce que les esprits nous sont soumis, mais « parce que [nos] noms sont inscrits dans les cieux. »

Michel Steinmetz