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vendredi 10 mai 2013

Homélie du 7ème dimanche de Pâques (C) - 12 mai 2013

Pour entrer dans cette prière extraordinaire de Jésus à son Père, je vous propose de vous interroger. Ma question, la voici : « Ai-je connu quelques instants de bonheur et à quelle occasion ? »
Si nous mettions en commun nos réponses, nous verrions – j’en suis sûr – que ces instants de joie profonde et de vrai bonheur correspondent toujours, presque toujours à une vie relationnelle riche, à un sentiment de communion, d’unité intense avec les autres, avec le monde et avec Dieu. Voilà ce qui nous comble et à quoi nous aspirons. Ce sentiment de communion et d’unité peut nous saisir en bien des occasions. On sent que la vraie vie est là et l’on aspire à y demeurer.

« Qu’ils soient un comme nous sommes un ».
Curieux paradoxe que celui de l’évangile : voici que l’on en vient à écrire « un » au pluriel. « Qu’ils soient », c’est au pluriel, « qu’ils soient un », c’est un pluriel qui n’empêche pas l’unité. C’est comme lorsqu’il nous arrive de dire « nous étions seuls ». Comment cela ? Ou bien vous étiez « seul », tout seul, ou bien vous étiez au moins deux et vous n’étiez pas seuls ! Mais on se comprend. Ici, on parle d’unité justement parce qu’il y a un pluriel et que ce pluriel est relié, unifié. Il ne s’agit pas d’une fusion, comme lorsque les grains de quartz fondent pour former un bloc de verre. Il s’agit d’une communion et la diversité est surmontée par quelque chose qui l’unifie et la transforme en richesse et en joie. « Qu’ils soient Un comme nous sommes un, moi en toi et toi en eux ».

Cette unité là, nous le savons, est impossible sans l’amour. Si l’amour n’est pas là, on n’a plus que l’uniformité impersonnelle, celle de l’armée et celle des règlements. Il y faut du cœur, il y faut de l’intelligence et du sens, il y faut de l’amour. L’unité dans la diversité, c’est le modèle même du Dieu chrétien. « Qu’ils soient un comme nous sommes un, afin que le monde croie ». L’humanité est à l’image de Dieu et quand l’humanité s’unifie, cette image réapparaît. Se produit alors l’inverse de la faute originelle. Rappelez-vous : dans la Genèse, le Malin arrive à créer la discorde ; à Babel, la volonté de monter aussi haut que Dieu amène la confusion dans le langage et personne ne se comprend plus, alors que l’Esprit de Pentecôte fera que tous se comprennent, chacun en sa propre langue.

Dieu est Trois et il est Un, Père, Fils et leur amour commun. L’Esprit Saint est cette relation qui unit le Père au Fils et qui se répand dans nos cœurs pour nous conformer à ce Fils pleinement accordé au désir de Dieu. L’Esprit Saint nous unit entre nous comme frères et sœurs d’un même Père. L’humanité n’est pas orpheline, elle n’est pas seule perdue dans l’univers infini, elle est habitée par un projet qui ne vient pas seulement d’elle-même et qui correspond entièrement à ce qu’elle est : son existence a un sens. Je suis vivant parce quelqu’un m’a aimé et m’a convoqué. Nous sommes ensemble parce que Dieu nous appelle à partager sa perfection. Et cette perfection, c’est le bonheur et ce bonheur, c’est d’être aimé, c’est d’aimer autant qu’on est aimé, c’est d’être relié, c’est de connaître la confiance et la réciprocité, c’est de ne faire qu’un avec d’autres êtres humains. C’est de vivre une communion dont l’eucharistie d’aujourd’hui est la nourriture discrète et cachée mais tout à fait vitale.

Il est clair que nos chants sont mieux articulés que les hurlements des stades, que notre silence, après les lectures ou la communion, est habité d’une présence qui va bien au-delà du bref silence des fins de concert. Notre communion nous unit de façon bien plus subtile que les mondanités d’un club ou la discipline d’un parti.

Que l’Esprit Saint nous aide à progresser en accord profond avec le Dieu qui nous habite et qui est déjà en lui-même cet amour, cette communion pleinement réalisée. Vivons la prière de Jésus : « Qu’ils soient un, comme nous sommes un ».

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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