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vendredi 19 avril 2013

Homélie du 4ème dimanche de Pâques (C) - 21 avril 2013

La voix, c’est la première chose qu’on entend lorsque naît un bébé : il crie, il pleure, il se fait la voix. Même avant la naissance, les parents parlent à leur enfant qui est encore dans le ventre de sa mère ; par la voix, se noue déjà un contact entre eux, un rapport très fort. Plus tard, quand un enfant s’est éloigné de la maison, avant même de courir à sa recherche, on l’appelle par son nom. On dit aussi que c’est le dernier contact qu’un mourant peut avoir avec quelqu’un dans son agonie : c’est de l’entendre lui adresser la parole, et ce contact est réconfortant ; le mourant sait ainsi qu’il n’est pas seul. Quand nous téléphonons, nous ne pouvons reconnaître l’interlocuteur qu’à sa voix. C’est par la voix que nous entrons en relation avec un autre, surtout avec celui ou celle qu’on aime ; on sait aussi que pour cela la relation virtuelle des tchats et messageries instantanées est toujours insuffisante.

Jésus nous parle aujourd’hui encore. Certes il prend ici une image bucolique, celle d’un berger soucieux de faire paître son troupeau dans de bons pâturages mais aussi de ne perdre aucun de ses moutons. Les images qui nous viennent à l’esprit d’un berger avec son troupeau insistent trop souvent sur le fait que les moutons suivent le berger, presque aveuglément, mais oublient qu’une personne est capable de les rassembler en les appelant de sa propre voix.

Quand, le jour de la Résurrection, Marie de Magdala va au tombeau elle rencontre le jardinier ; il lui est totalement inconnu, jusqu’au moment où ce jardinier parle et l’appelle « Marie » : elle reconnaît aussitôt la voix de Jésus, son intonation, sa façon de prononcer. Et elle lui répond. Reconnaître la voix des êtres proches et aimés est en effet le fondement de toutes les relations humaines, de celles qui font vivre.

La parole prononcée, le message est évidemment inséparable de la voix. Ainsi par sa Parole, Jésus nous met ainsi en contact avec Dieu notre Père et son Père, avec lequel il ne fait qu’un, et nous fait découvrir son intimité. Ecouter la parole de Dieu, ce n’est pas simplement entendre une invitation morale ou un enseignement ou une révélation, c’est une invitation à entrer en contact, en relation même avec Dieu. Et cette relation est une relation d’amour, qui aide à vivre, qui nous rapproche du Père. Par la parole, quelqu’un - et Dieu aussi - donne, livre ce qu’il y a de plus intime en lui-même. Mais, plus encore, la voix de quelqu’un est aussi invitation à entrer dans son intimité ; invitation à commencer avec lui des relations durables : c’est ce qui se passe au début de tout amour.

Si l’Eglise choisit ce dimanche pour nous rappeler le souci des vocations religieuses et sacerdotales, c’est parce que toute vocation se fonde sur cette relation d’intimité avec Dieu en Jésus-Christ, Dieu et Jésus ne faisant qu’un comme celui-ci le dit dans l’évangile de ce jour. Vocation vient du latin vocare, qui signifie : appeler. Celui qui répond à sa vocation, répond d’abord à un appel. Pour entendre cet appel, il faut nous interroger sur la possibilité que nous lui laissons de se faire entendre. Il y a bien des manières de l’étouffer : ne pas parler d’une possibilité de vie religieuse ou sacerdotale, en faire une présentation instantanément dégradante… La parole de Jésus est bien là, elle, source de communion avec lui et dans nos communautés ; les différentes réponses que nous pouvons donner situent nos rôles divers dans une même communauté, celle qui nous rassemble dans cette eucharistie.

Combien de fois ne sommes-nous pas appelés nous aussi à coopérer à cette mission de Jésus, à dire des paroles qui font vivre d’autres personnes : « je suis là près de toi », paroles signes de présence, paroles qui font vivre. Aujourd’hui, Jésus nous appelle : entendons-nous sa voix ? Savons-nous le reconnaître dans le vacarme de nos vies ? Saurons-nous répondre et le suivre dans notre vocation ?

AMEN.

Michel STEINMETZ †

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