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vendredi 6 novembre 2009

Intervention au Salon du Patrimoine Culturel, à PARIS, le 7 novembre 2009

Sous le thème « Patrimoine des religions », le Salon International du Patrimoine Culturel se tiendra à Paris au Carrousel du Louvre du 5 au 8 novembre 2009.

Le Salon International du Patrimoine Culturel fête cette année ces 15 ans, à cette occasion les organisateurs du Salon ont décidé de mettre à l'honneur la richesse du patrimoine religieux dans toute la diversité des confessions, grâce à la présence de nombreux exposants - artisans d’art : restaurateurs d’icônes, maitres-verriers, restaurateurs de cloches et carillons… Mais également d’associations et d’institutions œuvrant pour sa protection et sa conservation.
Comment protéger le patrimoine des religions ? A quelles menaces doit-il faireface ? Comment sensibiliser le public à sa sauvegarde ? La mutation du cultuel en culturel est-elle une solution ? Pour tenter de répondre à ces questions, un cycle de conférences animées par des spécialistes et des exposants sera proposé aux visiteurs pendant les 4 jours du salon.
Parmi les conférences proposées lors du salon vous pourrez découvrir le travail de Fleur Nabert, artiste plasticienne, qui présentera ses création lors de la restauration de l'église de Schiltigheim en Alsace, en 2007. Elle sera accompagné du Père Michel Steinmetz, qui a suivi tout le déroulement de cet important chantier. Cette conférence sera animée par Emmanuel Bellanger directeur du Comité de rédaction de Narthex et Benoit de Sagazan rédacteur en chef de Patrimoine en Blog. A noter donc le samedi 7 novembre de 13H à 14H Salle Delorme.
Vous pourrez rencontrer les nombreux acteurs de la vie patrimoniale d’aujourd’hui : restaurateurs et entreprises d’art, prescripteurs et maîtres d'œuvre, collectivités territoriales et institutionnels, associations, écoles, éditeurs, presse… Au total, près de 250 exposants et 20 000 visiteurs sont attendus.


Homélie du 32ème dimanche du Temps ordinaire (B) - 8 novembre 2009

Deux des trois lectures de ce jour, celle d’Ancien Testament et celle d’Évangile, présentent l’une et l’autre une veuve qui donne spontanément « tout ce qu’elle a pour vivre » ou, plus exactement, « de son indigence », de ce qu’elle n’a pas. Non seulement chacune donne bien plus que tant de gens n’offrant que leur « superflu », non seulement chacune donne de son « nécessaire », mais chacune encore donne de son « manque » (v. 44).
Que ce soit un paradoxe, nous n’en pouvons douter. Pour l’approcher, la bonne voie consiste probablement à relire la première des deux histoires, celle de la rencontre du prophète Élie et d’une femme de Sarepta. Ces deux figures de l’Ecriture nous livreront alors le témoignage d’un don qui plaît à Dieu.

I.- La veuve de Sarepta.

Nous sommes alors au IXème siècle avant le Christ. Les veuves et les orphelins, privés de la présence du chef de famille, sont à l’époque les plus pauvres, les plus opprimés du peuple. En un temps de grande sécheresse, Élie a dû fuir devant la colère d’Achab, roi d’Israël, et de Jézabel, son épouse impie. Parvenu au pays de Tyr et de Sidon, au sud du Liban actuel, il croise une femme à l’entrée d’une ville. Il commence par lui demander de l’eau, ce qu’elle fait de bon cœur, puis, voyant sa disponibilité, il implore d’elle un morceau de pain. Mais de pain, en ces jours de famine générale, la femme n’en a plus. Il ne lui reste, explique-t-elle, qu’un peu de farine et d’huile au fond d’un vase et d’une jarre, juste de quoi faire un petit pain pour son fils et pour elle, avant de mourir d’inanition. Or, sans la moindre hésitation, l’homme de Dieu lui adresse ces paroles : « Ne crains pas ! Va, mais d’abord cuis-moi un petit pain et apporte-le moi ; ensuite tu feras du pain pour toi et pour ton fils. Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine ne s’épuisera, cruche d’huile ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur enverra la pluie sur la face de la terre » (1 R 17, 14). Aussitôt, la pauvre veuve obéit et crut à la promesse ; aussitôt le miracle advint conformément à la promesse.
Puisque c’était pour elle donner tout ce qui lui restait, soit presque rien, se vider en quelque manière de soi-même pour son prochain, elle a donné à fonds perdus, au risque de ne plus rien avoir, au risque de perdre la vie, et le miracle s’est accompli comme si la jarre se remplissait en se vidant, comme si le vase s’accroissait en se partageant. Du don même de soi, jusqu’à épuisement de soi, est venue l’inépuisable surabondance, pour autrui et pour soi.

II.- La veuve du Temple

Alors que, dans l’évangile de Marc, Jésus a déjà fait son entrée triomphale à Jérusalem et que le moment de sa mort approche, il enseigne encore abondamment ses disciples, notamment sur l’imminence du Règne de Dieu. Il y a là un peu comme un testament. Des paraboles accompagnent cet enseignement. Parmi elles, le récit que nous entendions est une parabole vivante : nulle image, nulle comparaison ici mais une pauvre femme devenant elle-même « parabole ». Que fait-elle ? Rien d’extraordinaire. Comme beaucoup d’autres, elle s’approche du tronc à l’entrée du Temple pour y déposer son obole.
Mais, contrairement à tous les autres qui donnaient de leur « superflu », elle prend sur sa misère et donne de son nécessaire. En jetant dans le tronc ces piécettes, ces quelques centimes, elle n’accomplit pas que son devoir : elle se donne elle-même en donnant tout ce qu’elle a. Voilà le modèle du don qui plaît à Dieu et que parfois nous refusons comme trop modeste, trop absurde. Quelle erreur ! Si nous attendons d’avoir de quoi lui donner quelque chose digne de lui, quand passerons-nous aux actes ? Sans doute jamais. Rien n’est digne de Dieu sauf l’amour, et l’amour comme avec quelques centimes quand ils expriment la générosité et la confiance même dans la détresse. Si notre foi semble en hibernation, si la messe nous ennuie, si nous avons l’impression de ne pas progresser, si nous avons le sentiment que nos efforts sont vains, ne renonçons pas sous prétexte que cela « ne sert à rien ». C’est au contraire le moment de tout donner, de nous donner… en nous abandonnant à l’amour de Dieu.

III.- La force du témoignage

Il y a des moments - chacun connaît les siens - où la vie paraît au bout de ses possibilités : les forces manquent, la confiance chancelle, le chemin est sur le point de s’arrêter au prochain pas, le sol paraît se dérober sous les pieds.
Mais il suffit, en ces temps-là, d’un sursaut de foi ou, peut-être, de risque ; il suffit, sur l’appel d’une Parole, du don de ses dernières forces au service d’autrui ou, plus simplement, de poursuivre sa tâche d’homme ; il suffit que revienne en mémoire, sous le don de l’Esprit, la phrase de l’Écriture : « jarre de farine ne s’épuisera, cruche d’huile ne se videra » (1 R 17, 14), pour qu’aussitôt, sans que nous sachions comment, nous viennent des forces neuves, jusqu’alors insoupçonnées, comme si paraissait auprès de nous, invisible, un ange de Dieu frayant le chemin, ou quelque bon Samaritain déroulant à l’instant le tapis où poser nos pas, et cela contre toute attente, à partir de rien, miraculeusement.

Bref, c’est en donnant ce que nous paraissons ne pas avoir, c’est en engageant dès aujourd’hui les forces de demain que nous recevons, selon qu’il est écrit : « au-delà et plus qu’au-delà de ce que nous pouvons demander ou concevoir » (Ep 3, 20).
En ces moments-là, sachons-le, en cette obéissance de foi qui n’est jamais facile, encore moins glorieuse, nous sommes plus près de Dieu.


AMEN.

Michel Steinmetz †

Homélie de la solennité de Tous les Saints - Dimanche 1er novembre 2009

Bonne fête à vous tous, frères et sœurs !
Bonne fête à nous, aujourd’hui, futurs saints et saintes !
En ce jour de la Toussaint, c’est notre vocation de chrétiens que nous célébrons. Il y a en en chacun de nous l’étoffe d’un saint et, dès à présent, la sainteté « pousse » en nous à son rythme.
Si donc cette fête est la nôtre, dans tous les sens du terme, c’est parce qu’elle se déploie le long de notre parcours de vie et que même elle relie notre présence sur terre à notre existence au ciel. Au début de cette route, il y a notre baptême. Puis, tels des jalons, ce sont les Béatitudes qui nous guident. Enfin, au terme, il y a l’éternité du Ciel. Ensemble jetons donc un regard sur ce à quoi nous sommes appelés.

I.- Au début de la route, le baptême.

Le baptême nous est commun. Quand nous naissons à la vie, nous demeurons marqués par le péché originel, celui qui, mystérieusement, est la marque de l’humanité. Par le sacrement baptismal - c’est un cadeau inestimable que nos parents nous ont fait et merci à eux de ne pas nous en avoir laissé le choix, nous sommes sauvés parce que marqués de l’Esprit de Dieu. Notre identité spirituelle en ait transformé : il y a en nous un ‘avant’ et un ‘après’. Et même si, par la suite, nous devions rejeter ce don de Dieu, Dieu, quant à lui, ne nous rejetterait pas : nous demeurerions ses enfants en son amour. « Il ne peut se rejeter lui-même », comme dit saint Paul.
Ce lien intime à Dieu se traduit dans le fait qu’Il nous rétablit dans sa parfaite image et ressemblance. De plus, Dieu nous donne en partage sa sainteté. Vous savez bien tout le poids que cela peut avoir de dire de quelqu’un que c’est un saint ; eh bien, Dieu nous fait ce cadeau-là ! Il nous met à part, comme un père a le souci de protéger son enfant chéri. Ce don, nous en faisons tous l’expérience, est malmené quand nous avançons dans la vie : en proie à la tiédeur de notre foi, mis à mal par notre péché et notre soif de domination, blessé par notre orgueil.

II.- Les Béatitudes pour nous guider.

Au bord du chemin escarpé et dangereux de l’existence, les Béatitudes de l’Evangile nous rejoignent tels des jalons. Ces paroles de Jésus, simples et fortes, se retiennent par cœur : nous les prions, nous les chantons, nous les méditons. Elles colorent certains moments de notre vie.
Mais, ne faisons-nous pas de temps à autre un contre-sens ? Les entendons-nous bien comme des Béatitudes, c’est-à-dire comme des paroles de bonheur et de joie ? Il arrive que l’on veuille nous faire vivre la foi comme un chemin de bonheur obligé. Jésus t’aime alors tu dois être heureux. Jésus est avec toi alors tu dois être dans la joie. Jésus est vivant alors tu ne peux pleurer. Pourtant, quand je suis abattu par la fatigue, les soucis, l’angoisse de la maladie, quand je pleurs un être cher dont la blessure de l’absence ne se cicatrise pas, suis-je pour autant un mauvais chrétien ? Dois-je avoir mauvaise conscience de ne pas arriver à me réjouir, à danser, à chanter ?
Non, car ce n’est pas là le sens des Béatitudes. Ecoutez-les bien ! Ecoutez Jésus parler à votre cœur ! « Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des Cieux est à eux ! Heureux ceux qui pleurent, ils seront consolés ! Heureux sont qui sont persécutés pour la justice, le Royaume des Cieux est à eux ! ». Et pour être heureux en Christ, il ne nous est pas demandé non plus d’aller au devant des détresses, mais si nous y sommes, si nous devions y être confrontés, la parole de vie et de miséricorde nous rejoint : soyez-en sûrs, dit Jésus, à ce moment-là non seulement je serai tout près de vous, m’unissant moi-même à vos pleurs, à vos cris, à vos doutes, mais encore vous serez déjà tout proches du Royaume de mon Père. Alors, il y aura un véritable motif de réjouissance en nous rappelant que nos noms sont déjà inscrits dans le cœur de Dieu.

III.- Au terme, le Ciel.

Quand les Béatitudes auront été pour nous, comme elles l’ont été pour les saints et saintes de notre Eglise, des paroles de vie ; quand à la question « Qui pourra gravir la montagne du Seigneur ? », nous pourrons répondre avec le psalmiste : « l’homme au cœur pur et aux mains innocentes » (ps. 23) en nous y reconnaissant, alors, ce jour-là, nous ferons partie de la grande foule des sauvés. Nous aussi nous nous tiendrons debout « devant le trône en présence de l’Agneau » dans la Jérusalem céleste en rejoignant cette foule immense « de toutes nations, races, peuples et langues ». Splendide vision d’une création radieuse et harmonieuse, délivrée enfin de toute injustice, de toute barbarie, de tout fléau. Oui, faisons ce doux rêve, tout en ayant la certitude dans la foi qu’il se réalisera, car Dieu nous l’a promis.
Ce jour-là encore, nous prendrons toute la mesure de l’amour de Dieu et peut-être nous sentirons-nous bien petits de ne pas l’avoir aimer plus encore. « Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra en pleine gloire, nous serons semblables à lui par ce que nous le verrons tel qu’il est ». En attendant, « tout homme qui fonde sur lui une telle espérance se rend pur comme lui-même est pur » (1 Jn). La voilà la clé : pour gravir la montage du Seigneur, pour prendre place dans le lieu saint de son cœur, nous devons nous purifier, nous sanctifier. En demeurant dans l’espérance dans laquelle notre baptême nous établit, nous décidons d’emprunter le chemin de la vie, nous savons que nous pouvons mettre nos pas dans les traces des saints qui nous ont précédés et qui, maintenant déjà, nous appellent à rejoindre la Jérusalem d’en haut.

« Nous qui marchons vers elle par le chemin de la foi, nous hâtons le pas, joyeux de savoir dans la lumière ces enfants de notre Eglise, que tu nous donnes, Dieu, en exemple » (préface). Oui, frères et sœurs en sainteté, hâtez le pas, empressez-vous de vivre les Béatitudes, rappelez-vous que pour nous, baptisés, la route a déjà commencé ! Vraiment, vous pouvez tressaillir de joie car vos noms sont inscrits dans le cœur de Dieu !

AMEN.

Michel Steinmetz †