A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

dimanche 24 mai 2009

Homélie du 3ème dimanche de Pâques (B) - 26 avril 2009

Quelle leçon scandaleuse nous donnent les disciples !

Cadenassés dans leur demeure, enfermés chez eux, non seulement ils ne courent pas les rues pour annoncer la Bonne Nouvelle, mais ils sont transis de crainte, travaillés par le doute. Même les femmes qui allèrent au tombeau demeurèrent muettes de crainte, nous dit l'évangéliste Marc (chapitre 16, verset 8).
Quel étrange exemple ne donnent-ils pas, eux qui les premiers devraient se répandre dans le monde pour annoncer la Résurrection du Seigneur? Et aujourd'hui même dans la lecture que nous venons d'entendre, il faut que Jésus en personne force les portes, s'impose à ses disciples, les oblige à une démonstration spectaculaire en s'invitant à leur table contre leur gré, pour les sortir de leur incrédulité.
Qu'en est-il alors de la joie rayonnante de Pâques, de l'éclat communicatif du message, de la lumière soi-disant vainqueur des ténèbres ? Tout le discours fébrile qui remplit nos liturgies depuis Pâques ne serait-il pas ainsi contredit par la tiédeur et la paralysie des disciples ?


Mais c'est peut-être que nos enthousiasmes sont quelque peu déplacés. En matière religieuse, l'enthousiasme et l'exaltation ne sont jamais bonnes conseillères, et la réserve des disciples, leur peur même devant le message à diffuser, leur incrédulité pourraient bien nous enseigner quelque chose de fondamental. Si vraiment la résurrection de Jésus est une nouvelle inouïe, sans précédent, une réalité sans commune mesure avec l'expérience commune, comment serait-il possible d'être de plain-pied avec elle? Comment pourrait-on la diffuser comme une denrée banale vendue sur les trottoirs au hasard des rues? Comment serait-il possible de la monnayer comme de l'évident ou de l'immédiatement accessible? On opérerait alors un faux monnayage à l'égard d'une expérience dans laquelle on ne peut entrer que peu à peu, qui ne peut que se dévoiler avec le temps, en ayant travaillé, bouleversé, retourné, converti ceux et celles qui l'ont d'abord accueilli sans comprendre, sans pouvoir comprendre.


C'est pourquoi Jésus promet à ses disciples dépassés par l'événement que l'Esprit leur sera donné ; et cette annonce de la Pentecôte indique qu'en effet ils ont encore du chemin à faire, qu'ils ont à s'ouvrir à ce qui leur échappe, qu'ils ont à être initiés pour entrevoir un peu mieux ou un peu moins mal de quoi il s'agit.
Comment ne pas comprendre que l'expérience des disciples doit être la nôtre? Ne faisons pas les fanfarons, ne proclamons pas trop hâtivement que nous avons compris, que nous savons de quoi il s'agit avec la résurrection de Jésus. Admettons humblement que l'événement nous dépasse, que nous avons toujours à nous ouvrir à son mystère, à sa grandeur, à son inouï. Admettons que nous ne comprenons pas bien et que nous avons besoin de l'Esprit pour grandir dans une expérience qui nous dépasse. Jésus doit forcer la porte de notre entendement et de notre cœur pour qu'Il nous explique les Écritures et pour que nous échappions à nos doutes et à nos peurs. Pour cela, encore convient-il, comme les disciples, de reconnaître nos doutes et de confesser nos peurs…


Mais il faut éviter une nouvelle méprise. On pourrait penser qu'une fois l'Esprit advenu, la clarté va nous envahir, que tout sera net et bien compris, bref que la résurrection du Seigneur aura en quelque sorte perdu son mystère. Comme si l’Esprit venait boucler, fermer, conclure ce qui doit rester ouvert, béant, toujours mystérieux. Bien au contraire il nous faut avouer que, même animés de l'Esprit, nous ne sommes jamais bien assurés de croire ce que nous professons croire, que l'objet de notre foi nous reste toujours à distance. Bienheureuse distance si elle veut dire que la Résurrection du Seigneur suscitera toujours en nous l'étonnement, la stupeur, la surprise, qu'elle ne sera jamais réduite à du bien connu, à du familier vulgaire et disponible. Cette ouverture sera alors la condition de notre croissance dans la foi, et comment serait-elle possible en effet si nous pensions que l'Esprit nous comble de certitudes apaisées ou que nous savons tout de ce qui est à croire ? L'attente de l'Esprit est donc l'attente de cet émerveillement qui creusera en nous le désir de croire et de comprendre, en sachant qu'un tel désir ne sera jamais saturé ou satisfait, puisqu'en l'affaire il y va du désir de Dieu même.

AMEN.

Michel Steinmetz †

Aucun commentaire: