A tous les visiteurs de ce blog, bienvenue !


Vous y trouverez quelques informations sur ma recherche et sur mon actualité.
Progressivement seront mis en ligne ici des articles de fond et d'investigation essentiellement en liturgie, mais aussi en d'autres domaines de la vaste et passionnante discipline qu'est la théologie !

N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires !

samedi 24 novembre 2007

Des déplacement dans la célébration du baptême - Notice à paraître dans la renue Caecilia 1/2008


Des déplacements dans la célébration du baptême



Bien souvent, on reproche à la liturgie d’être trop statique, de ne « pas assez bouger »… Le rituel du baptême des petits enfants invite précisément aux déplacements, reprenant en cela une antique pratique de l’Eglise. Ainsi à chaque moment de la célébration correspond un lieu.

La constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium sur la liturgie a inauguré une réforme assez profonde de la liturgie de l’initiation chrétienne qui se compose de trois sacrements : baptême, eucharistie, confirmation. On peut d’emblée en souligner trois caractéristiques essentielles : pour la première fois depuis qu’on baptise des petits enfants dans l’Eglise, soit depuis le IVème siècle, va se constituer un rituel « adapté à la condition réelle des tout-petits », alors qu’on n’avait jamais utilisé pour eux qu’un abrégé légèrement remanié du cérémonial concernant les adultes. La seconde est un retour à l’ancienne tradition pour l’initiation des adultes avec la restauration d’un parcours authentiquement catéchuménal. La troisième, enfin, est la place effective accordée à la proclamation de la Parole de Dieu au sein du sacrement, suivant les prescriptions conciliaires (SC 35). Nous n’aborderons ici que le rituel révisé du baptême des petits enfants (édition typique de 1969, traduction française de 1984) et nous le ferons uniquement dans sa forme habituelle, c’est-à-dire en dehors de la célébration de l’eucharistie.
Nous envisagerons maintenant successivement chacun des quatre étapes de la célébration du baptême en en expliquant à chaque fois sa portée théologique, son lieu et son chant, avant de souligner les questions liées à l’aménagement du lieu et celles liées à l’assemblée.

I. - Les différents étapes de la célébration

1. L’accueil

A. A la porte de l’Eglise
Comme dans l’ancien rite, la célébration commence à la porte de l’église, sur le seuil. Là le ministre établit le dialogue avec les parents, parrain et marraine, leur demandant le nom de l’enfant, ce qu’ils demandent pour lui à l’Eglise et s’ils sont bien conscients de leurs responsabilités. Puis, en geste d’accueil dans la communauté chrétienne, il trace sur le front du candidat au baptême le geste salvifique de la croix.

B. La portée théologique
Accueillir un enfant au seuil de l’église n’est pas anodin : on manifeste par là de manière très forte qu’il entre désormais, entouré des siens et si possible par des membres de la communauté, dans la famille chrétienne. Le lieu « église » rappelant qu’il n’est que le signe de l’Eglise véritable, Corps du Christ, constituée des pierres vivantes que nous sommes.
« Le baptême est le sacrement qui incorpore les hommes à l’Eglise en les intégrant à la construction pour devenir une demeure de Dieu dans l’Esprit, une nation sainte et un sacerdoce royal. Il est le lien sacramentel d’unité existant entre tous ceux qui en ont été marqués »[1].

C. Le déplacement et son chant
Après la signation de l’enfant, le prêtre invite l’assemblée à s’avancer. Il le fait en ces termes : « Entrez dans la maison de Dieu afin d’avoir part avec le Christ pour la vie éternelle ». Le Rituel suggère alors « de chanter le psaume 99 on un cantique approprié » pour se rendre en procession au lieu où sera proclamé la Parole de Dieu.

2. La liturgie de la Parole

A. A l’ambon ou près du baptistère
Tous se rendent au lieu de la Parole : ce peut être près des fonts, ou directement à l’ambon (nous reviendrons plus loin sur cette question). En fonction de l’assemblée, après qu’elle a pris place, on lit un ou plusieurs extraits de l’Ecriture. En principe ce sera soit une seule lecture, soit un ensemble composé, comme à la messe, d’une lecture de l’Ancien Testament ou d’un écrit des Apôtres, d’un psaume et d’un Evangile. Après cette proclamation, le prêtre fait une brève homélie et la célébration se poursuit par la prière des fidèles, suivie ici du chant de la litanie des Saints – à moins qu’on ne la chante pour aller en procession aux fonts –, par la prière d’exorcisme (un reste de la pratique catéchuménale antique) conclue par l’imposition de la main ou l’onction avec l’huile des catéchumènes et, éventuellement du rite facultatif de l’Effétah[2].

B. La portée théologique
Le baptême est :
« sacrement de la foi par laquelle les hommes, éclairés par la grâce du Saint-Esprit, répondent à l’Evangile du Christ. L’Eglise n’a donc rien qui soit davantage sa tâche propre, depuis ses origines que d’éveiller les catéchumènes, les parents des petits enfants à baptiser, leurs parrains et marraines, à cette foi véritable et active par laquelle, s’attachant au Christ, ils entrent dans le pacte de la nouvelle Alliance ou confirment leur appartenance à cette Alliance »[3].
Le baptême est reçu dans l’écoute de la Parole de Dieu ; c’est elle qui éclaire la célébration et en révèle le sens. C’est pour cela qu’on se gardera bien, à ce moment précis, de faire intervenir une parole profane, même très belle et estimée de la famille (elle pourra trouver sa place notamment comme monition avant tel ou tel rite).

C. Le déplacement et son chant
La liturgie de la Parole se termine quant à elle par le déplacement vers les fonts baptismaux « en chantant le psaume 22, ou la litanie des saints, ou un cantique approprié ».

3. Le sacrement

A. Aux fonts baptismaux
Après le chant, tous ont pris place près du baptistère. C’est là que le prêtre commence par bénir l’eau (en dehors du temps pascal) et rend grâce pour l’eau bénite durant la nuit de Pâques (au temps pascal). La prière de bénédiction peut être accompagnée d’une courte acclamation du genre : « Béni sois-tu, Seigneur ! ». Il s’adresse ensuite à nouveau aux parents, parrains et marraines, en leur demandant, au nom de la responsabilité qu’ils prennent vis-à-vis de leur enfant, à renoncer au mal et à confesser la foi de l’Eglise « dans laquelle tout enfant est baptisé ». Il convient alors que ce soit le père ou la mère qui tienne l’enfant au-dessus des fonts. Le prêtre pourra soit baptiser par effusion (en versant trois fois de l’eau sur la tête de l’enfant), soit par immersion (il plonge l’enfant nu dans les fonts)[4]. Ensuite, il fait l’onction avec le Saint-Chrême, remet le vêtement blanc du baptisé : il s’adresse alors directement à l’enfant pour évoquer sa dignité nouvelle d’enfant de Dieu. Il allume le cierge au cierge pascal et le donne au parrain ou au père, invitant la famille de l’enfant à se soucier de cette lumière de la foi qui leur est confiée.

B. La portée théologique
Nous sommes ici au cœur de la célébration du baptême. La liturgie jouera pleinement son rôle si elle capable de le signifier. Le baptisé, même tout petit enfant qu’il est, est plongé dans le mystère de mort et résurrection du Christ.
« Par le baptême, en effet, c’est vraiment le mystère pascal qui est rappelé et qui est à l’œuvre en tant qu’il fait passer les hommes de la mort du péché à la vie. C’est pourquoi la joie de la résurrection doit se manifester quand on célèbre le baptême… »[5]
Ici est faite l’expérience du plus beau don de l’amour de Dieu : par le baptême, nous devenons, pour toujours, de manière irréversible, enfants de Dieu. Ce don est fait de génération en génération, telle une source qui point ne se tarit : il est pour cela éminemment significatif de célébrer les baptêmes aux fonts baptismaux, souvent les lieux de la mémoire chrétienne dans nos églises.

C. Le déplacement et son chant
Le rituel prévoit qu’on se rende pour finir à l’autel « au chant du Magnificat ou d’un cantique baptismal ».

4. Conclusion

A. Auprès de l’autel
Les participants se placent auprès de l’autel (c’est là un ajout du rituel révisé) « pour préfigurer l’accès des nouveaux baptisés à l’eucharistie et l’on dit la prière du Seigneur [le Notre Père]. Enfin, pour que la grâce de Dieu rejaillisse sur tous, le célébrant bénit les mères, les pères et l’ensemble des assistants »[6]. Là où c’est la coutume, on peut encore faire se tourner vers la Vierge Marie. Enfin, on signe les registres : on le fait de préférence à un autre endroit que l’autel.

B. La portée théologique
Le baptême est naissance à la vie de Dieu. Qui dit naissance implique une croissance. Il est significatif de se rendre après de l’autel : il est pour les chrétiens le signe de la présence du Christ au milieu d’eux et c’est encore de l’autel que les nouveaux baptisés recevront un jour l’eucharistie. De manière physique et par la monition du prêtre, le baptême apparaît bien comme l’entrée dans le mystère du Christ qui appelle une suite et la croissance dans la foi.

C. Un chant à Marie
Il n’y a plus, au terme de la célébration, de déplacement rituel prévu. Par contre, là où c’est la tradition, les fidèles peuvent encore exprimer leur foi pascale et leur dévotion envers la Vierge Marie.

II.- La question du lieu

Les différentes étapes de la célébration du baptême demandent de se soucier de lieux assez souvent négligés dans nos églises. Il y a en effet d’autres espaces liturgiques que le chœur !
Ainsi, s’agit-il de prendre en compte l’assemblée avec laquelle on célèbre habituellement les baptêmes : une seule famille ? plusieurs familles ? une communauté plus large encore ? et d’aménager les lieux afin que chacun puisse y trouver une place et sa place !
L’entrée de l’église offrira assez d’espace, elle sera éclairée, voire chauffée ou sonorisée : elle offrira une vision accueillante de l’Eglise.
Le lieu de la Parole : le rituel ne précise pas qu’il doit s’agir de l’ambon, même si cela permet de mettre le baptême en lieu avec l’eucharistie et garantit la dignité du lieu de la Parole. Si ce n’est pas l’ambon, on aura le soin d’installer un lieu digne pour la proclamation.
Le baptistère. Parce que lieu sacramentel et lieu de mémoire pour la communauté chrétienne, on fera tout pour y célébrer les baptêmes, quitte à le faire déplacer.

III.- Quelle musique pour quelle assemblée ?
Avec quels moyens ?


Cette question a déjà été esquissée plus haut : car d’elle dépend aussi la manière dont on célèbrera le baptême. Il faut aussi se préoccuper du dispositif musical qu’il est possible de réunir. La chorale est-elle présente ? Y a-t-il quelqu’un pour conduire le chant ? L’organiste est-il là ? Bien souvent les assemblées aux baptêmes sont constituées de personnes plus ou moins loin de l’Eglise et d’une pratique habituelle de la liturgie… Elles sont donc aussi peu familières de nos mélodies liturgiques et ont besoin qu’on les aide à chanter.
Pour favoriser sa participation à l’acte de chant, deux solutions sont envisageables : soit on opte pour un même chant, spécifique au baptême, dont les strophes développeront tour à tour les différents rites de la célébration avec un refrain facilement mémorisable (on favorisera ici la répétition) ; soit on choisit différents chants tirés d’un répertoire ancien, considéré comme ancré dans les mémoires populaires mais non adapté au baptême en tant que tel (on favorise la mémoire supposée). Avec la première option, le danger est de mettre sur un même plan tous les rites et tous les moments : c’est alors la mise en œuvre, plus ou moins discrète, plus ou moins solennelle, qui conférera, avec une même mélodie, plus ou moins d’importance aux actes célébrés. La deuxième présente le risque de passer à côté de l’expérience d’une célébration unifiée par l’acte de chant. Quoi qu’il en soit, il s’agira de toujours respecter certaines formes de chant liées aux chants eux-mêmes quand on décidera d’en user durant la célébration: un psaume responsorial, une litanie, une acclamation ont une forme qui leur est propre.
Le rituel invite, pour accompagner les processions, à chanter soit des psaumes, soit la litanie des saints, soit le Magnificat ou d’autres cantiques appropriés. Cette pratique demande de prendre à bras le corps les questions de moyens que nous octroyons à la célébration des baptêmes et la manière ecclésiale dont nous entendons les vivre : ils sont assurément aujourd’hui des lieux d’évangélisation. La liturgie est un vecteur de connaissance : elle n’a nul besoin d’expliquer ce qu’elle fait. Elle le dit ou le chante.

Ainsi comment mieux faire comprendre que le baptême est un parcours spirituel qu’en le célébrant par un itinéraire spatial ? Comment mieux faire comprendre que le baptême met en route sur les chemins de la foi qu’en se mettant physiquement en route pour rejoindre les lieux où la grâce est donnée ?

[1] Rituel du Baptême, Notes doctrinaires et pastorales, N° 4.
[2] Ce rite consiste à toucher les oreilles et la bouche de l’enfant, comme Jésus dans l’Evangile (Mc 7, 23-45), en disant : « Effétah ! c’est-à-dire : Ouvre-toi ! Le Seigneur Jésus a fait entendre les sourds et parler les muets, qu’il te donne d’écouter sa parole, et de proclamer la foi pour la louange et la gloire de Dieu le Père ».
[3] Rituel du Baptême, Notes doctrinaires et pastorales, N° 3.
[4] Cette dernière option entraîne quelques contraintes pratiques : il faut essuyer l’enfant, s’assurer qu’il ne prenne pas froid, avoir chauffé l’eau et prévoir un endroit approprié pour le rhabiller rapidement.
[5] Rituel du Baptême, Notes doctrinaires et pastorales, N° 5.
[6] Rituel du Baptême, Notes doctrinaires et pastorales, N° 54.

Aucun commentaire: