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mercredi 16 mai 2007

Homélie de la solennité de l'Ascension - jeudi 17 mai 2007


« Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ?» Actes 1, 11.

Quarante jours après Pâques, Jésus monte au ciel. Quarante, voilà bien un chiffre éminemment biblique. Quarante ans d’exode au désert pour le peuple élu, quarante jours de jeûne pour Jésus au désert. Quarante, le chiffre des nouveaux départs. Quarante jours donc après sa résurrection, Jésus quitte définitivement la terre pour rejoindre son Père dans les cieux. Après être demeuré présent aux siens sous des modalités certes nouvelles et déroutantes pour eux, Il les quitte définitivement, tout en prenant le soin de les réconforter et de les inviter à la joie.
Tout le sens de cette fête nous était déjà donné, il y a quelques instants, dans l’oraison d’ouverture de cette célébration :
« Dieu qui élèves le Christ au-dessus de tout, ouvre-nous à la joie et à l’action de grâce, car l’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire : nous sommes les membres de son corps, il nous a précédés dans la gloire auprès de toi, et c’est là que nous vivons en espérance ».
L’Ascension du Christ n’est pas une évasion. Elle participe à la dynamique induite par la résurrection. Elle nous ouvre ce mouvement en même temps qu’elle est un appel à le rejoindre.

I.- L’Ascension de Jésus n’est pas une évasion.

A en croire, n’est-ce pas ?, la réaction mitigée des disciples que les « hommes en vêtements blancs » doivent rappeler à leur mission, on pourrait se poser la question : Jésus n’abandonne-t-il pas les siens ? Ne fuit-il pas l’humanité pour laquelle, pourtant, il s’est livré ?
Après le traumatisme infligé aux siens par sa mort et le bouleversement de l’annonce de son réveil d’entre les morts, Jésus a continué de se rendre présent en leur apparaissant : il les a rejoints sur la route vers Emmaüs, il les a attendus sur le bord du lac ou au milieu de leur demeure. Bref, pour les disciples, il a certes fallu se familiariser à cette présence nouvelle, mais Jésus demeurait présent quoi qu’il en soit. Le sentiment d’être livré à eux-mêmes était atténué par cette discrète mais efficace présence.
Aujourd’hui, Jésus échappe à leur regard. Il est enlevé dans les nuées du ciel après avoir pris congé d’eux par quelques dernières et brèves paroles. Il serait vain pour les disciples de pouvoir retenir Jésus : d’abord il ne le pourrait évidemment pas, ensuite il faut qu’il s’en aille pour que s’accomplisse pleinement les promesses de l’Ecriture.

II.- L’Ascension de Jésus dans la dynamique de sa résurrection.

Au matin de Pâques, alors que Marie-Madeleine, à l’appel de son nom, reconnaît Jésus en la personne de celui qu’elle avait pris jusqu’alors pour le jardinier, le Ressuscité lui lance cette appel : « Ne me retiens pas ! », comme s’il fallait accepter cette condition nouvelle sans désir aucun de revenir en arrière. Car la résurrection est bien une nouveauté qui n’a rien à voir avec un retour à la vie humaine : Jésus ne revit pas pour re-mourir encore. Il est à jamais vivant.
A l’Ascension, la recommandation des anges aux disciples est du même ordre : « Pourquoi restez-vous là à regarder le ciel ? ». C’est-à-dire : cessez de fixer le ciel comme si vos regards, à défaut de vos mains impuissantes, voulaient retenir Jésus. Votre mission désormais est tournée vers les hommes et les femmes que vous rencontrerez. Ne restez passifs et cois. Vous savez que Dieu, en Jésus, a tenu ses promesses. Il a même tenues jusqu’au bout. Il vous enverra son Esprit pour que vous alliez vous aussi dire cette nouvelle. Votre mission sera de guider et d’orienter tous ces regards perdus vers le Christ de gloire.

III.- L’Ascension de Jésus nous renvoie à notre mission.

Plus encore qu’un évènement, l’Ascension du Christ célèbre un mystère, celui de l’accomplissement de la Pâque dans le Corps total du Christ. En effet, pour reprendre les termes de Paul, dans ce Corps que nous formons, le Christ est la tête et nous en sommes les membres. Or la Pâque ne concerne pas Jésus seul : s’Il est ressuscité, c’est bien pour nous entraîner à sa suite. « Là où je m’en vais, vous irez aussi », dit-il. En ce jour, il fait entrer notre nature dans l’éternité et la gloire de Dieu. En ce jour, notre faiblesse s’unit à la force de Dieu. La préface de la messe nous fera chanter : « il est monté au ciel pour nous rendre participants de sa divinité ». La liturgie ne cesse de nous réjouir en nous rappelant ce message. C’était le cas, déjà, dans l’oraison d’ouverture : « il nous a précédés dans la gloire et c’est là que nous vivons en espérance ».
Pour nous chrétiens, la contemplation du ciel, à laquelle nous invite cette fête, n’est pas une évasion : si les anges rappellent aux apôtres que leur Seigneur reviendra, c’est pour les renvoyer à leurs tâches, à la mission qu’ils ont reçue de témoigner de tout ce qu’ils ont vu. Nous-mêmes, nous sommes pareillement renvoyés en ce jour à la mission qui est la nôtre.

En montant au ciel, le Christ nous donne une preuve nouvelle et supplémentaire de sa confiance et de son amour : il confie l’annonce du Royaume à notre pauvreté et à notre faiblesse transcendées dans la force de l’Esprit. Il nous passe le relais. Ne craignons pas le saisir à pleine main ! Demandons, en nous préparant à la fête de la Pentecôte, la grâce de l’Esprit pour nous en retourner à nos tâches humaines, « remplis de joie ».

AMEN.

+ Michel Steinmetz.

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