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jeudi 5 avril 2007

Homélie du Vendredi-Saint - 6 avril 2007


"Nous avons une loi et suivant la loi, il doit mourir,
parce qu’il s’est prétendu Fils de Dieu."
Jn 19, 7

Alors qu’il m’était donné de réentendre en concert, il y a peu, la Passion selon saint Jean de Jean-Sébastien Bach, j’ai été prodigieusement saisi, comme jamais je ne l’avais été à vrai dire auparavant, au moment où, dans cette grande fresque mettant en musique les paroles même de l’évangile que nous entendions, cette phrase a résonné sous les voûtes d’une des plus belles cathédrales gothiques de France : « Wir haben ein Gesetz, und nach dem Gesetz soll er sterben ; denn er hat sich selbst zu Gottes Sohn gemacht.» (« Nous avons une loi et suivant la loi, il doit mourir, parce qu’il s’est prétendu Fils de Dieu »). Le chœur reprenait sans cesse ces mots avec une vigueur vindicative, à l’image sans doute de celle de la foule rassemblée ce jour-là devant le palais de Pilate. La géniale musique de Bach venait traduire la terrible, et stupide parfois, logique humaine prenant les aspects d’un cercle vicieux, celui de la fatalité, auquel on ne saurait échapper.
« Nous avons une loi et suivant la loi, il doit mourir, parce qu’il s’est prétendu Fils de Dieu. »

Mais quelle est cette loi ?
C’est tout d’abord la Loi, avec une majuscule, celle de Moïse, celle de l’Alliance. Cette Loi a été donnée au peuple élu pour le faire progresser dans la connaissance de Dieu, comme un moyen pour vivre dans la fidélité, la droiture et la justice. Elle favorise la sainteté, au sens habituel d’une plus grande proximité avec Dieu. C’est au nom du respect de cette Loi, de ces paroles de vie, que les prophètes se sont levés au sein du peuple dans l’ancienne Alliance pour fustiger avec passion, véhémence même, les infidélités des croyants. Cette Loi a été donnée comme un moyen non une fin en soi. Le Christ n’est pas venu abolir cette Loi mais bien l’accomplir. C’est-à-dire qu’il en révèle son sens ultime, qu’il le manifeste. Pour la foule devant le palais de Pilate ce jour-là, cette Loi était devenue une fin et non plus un moyen : elle assombrissait leur esprit et leur cœur, elle devenait pour eux un bandeau posé sur leurs yeux, les aveuglant au point de ne pas reconnaître au milieu d’eux Celui qui donnait enfin un sens à la Loi.

Cette Loi, c’est aussi la loi du monde.
La Loi de Dieu est pervertie, dévoyée. Elle devient prétexte. Elle devient la loi du monde et de sa vilénie. Que de fois, aujourd’hui encore, ne tue-t-on pas, ne fait-on pas la guerre au nom de Dieu? Cette loi-là porte la marque du péché, au lieu d’en préserver. Elle égare et corrompt. Jésus meurt et il est condamné par les hommes, par une foule versatile qui, quelques jours auparavant, lui avait réservé un triomphe pour son entrée dans la Ville sainte. Pascal disait que le Christ serait en agonie jusqu’à la fin du monde : il ne se trompait puisque le Christ est toujours outragé par notre péché. Nos reniements ne cessent de le crucifier. Sa mort sur la croix ne viendrait-elle pas plus éclairer nos cœurs que ceux de cette foule, pour que nous restions à ce point passifs et cois devant tant d’amour ?

La loi de l’amour.
Ce que Jésus vient révéler dans sa mort, c’est précisément le sens de toute la Loi de Dieu : notre existence ne peut prétendre à trouver de sens si elle n’est orientée comme l’a été celle de Jésus. Nous vivons quand nous aimons. Nous vivons de la vie de Dieu quand nous mourons à nous-mêmes. Nous tenons notre grandeur de notre service. La loi est pour nous, en Christ, une béquille solide et ferme dont nous ne saurions nous passer pour avancer vers Dieu : c’est la loi de la foi, de la prière, c’est encore la Tradition et l’enseignement de l’Eglise. Il ne s’agit donc pas « d’interdire d’interdire », mais bien plus pour le chrétien d’entrer dans l’expérience réelle de la présence de Dieu. Alors nous comprenons les paroles de saint Augustin : « Aime et fais ce tu veux ». Oui, si tu aimes, comme le Christ a aimé les siens, alors tu peux jouir de la sainte liberté des enfants de Dieu. Ton cœur sera uni à Dieu et tu sauras ce qui est bon pour toi, ce qui contribue à ton bonheur et à ta sainteté.

AMEN.
+ Michel Steinmetz.

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